Belo Monte :
pétition du Cacique Raoni

A ce jour 502905 signatures.

Vérifier la validité de votre signature




Actualités

CHICO MENDES: 25ème anniversaire de l'assassinat d'un héros de la lutte pour la sauvegarde de la forêt amazonienne

CHICO MENDES: 25ème anniversaire de l'assassinat d'un héros de la lutte pour la sauvegarde de la forêt amazonienne

Au Brésil, et dans de nombreux pays du monde soucieux de la préservation de la nature, le nom de Chico Mendes résonne encore. A l'heure où les médias français semblent frappés d'amnésie, il nous semblait important de marquer le coup et d'honorer la mémoire d'un homme qui a payé de sa vie son engagement en faveur de la défense de l'environnement. Retrouvez la traduction d'un article publié par le quotidien anglais The Guardian et un résumé des publications de notre page Facebook dédiées à ce bien triste vingt-cinquième anniversaire.

Un héros et un précurseur, ces mots ne sont pas trop forts pour qualifier Chico Mendes, syndicaliste brésilien qui, après avoir lutté pour les droits des seringueiros (ouvriers qui extraient le latex dans les plantations d'hévéa), avait étendu son combat à la sauvegarde de la forêt amazonienne. Son influence grandissante menacait les intérêts économiques des grands propriétaires terriens. L'un d'eux le fit exécuter le 22 décembre 1988. Un mythe était né. Trois mois plus tard, le Cacique Raoni entamait avec le chanteur Sting un mémorable tour du monde de sensibilisation sur la destruction du "poumon vert" de la planète.

 


 

THE GUARDIAN REND HOMMAGE À CHICO MENDES

Traduction intégrale d'un article paru vendredi 20 décembre 2013
Par Jan Rocha (correspondant à São Paulo) et  (Rio de Janeiro).

Le Brésil salue la mémoire de Chico Mendes, 25 ans après son assassinat
Les hommages à l'homme qui fit campagne pour stopper la déforestation sont tempérées par le retour en force de l'influence des lobbies des grands propriétaires terriens.

_________________

Lorsque Chico Mendes a été abattu en Amazonie, les deux policiers qui étaient censés le protéger jouaient aux dominos à sa table de cuisine. C'était le 22 Décembre 1988.

Les policiers avaient été envoyés à la petite maison en bois du militant syndical à Xapuri après qu'il eut reçu des menaces de mort de la part des propriétaires fonciers, rendus furieux par sa campagne pour éviter la déforestation. Mais la police a abandonné sa garde quand Mendes est allé prendre une douche dans la cour. Une seule balle de 22 long rifle l'a tué sur le coup. L'assassin, un éleveur du nom de Darcy Alves, a déclaré que « c'était comme tirer sur un jaguar ».

Ce week-end, le Brésil marquera le 25e anniversaire de sa mort, qui, loin d'entériner la campagne de conservation des forêts, a renforcé son action à travers le pays et à travers le monde, influençant une génération de défenseurs de l'environnement et les stratèges. Mendes est désormais un symbole du mouvement de l'environnement mondial.

Le gouvernement brésilien l'a déclaré Patron de l'Environnement brésilien. Des institutions ont été nommées, d' après lui, y compris la principale agence d'Etat en charge de la conservation - l'Institut Chico Mendes Conservatoire de la Biodiversité. Après sa mort, l'état dans lequel vivait Mendes en Amazonie occidentale a été un établissement pionnier de réserves extractives.

L'histoire de Mendes a fait l'objet de livres et de films. En reconnaissance de ses réalisations, il y aura des cérémonies commémoratives, des documentaires et des discussions sur son héritage ce week-end. Beaucoup de ses idées vivent aux travers de ses associés, notamment Marina Silva, qui est devenu ministre de l'Environnement et a mis en place des systèmes de protection pour l'Amazonie, qui étaient crédités par une chute impressionnante du taux de déforestation jusqu'à il y a peu.

Mais les célébrations seront tempérées par la résurgence de l'influence du lobby des grands propriétaires terriens et une forte remontée récente de la déforestation de la forêt Amazonnienne, faisant remonter des questions quant à la volonté du gouvernement brésilien de protéger les travailleurs de la forêt et de conserver ce sanctuaire de biodiversité dont ils dépendent.

Mendes avait reconnu les forces destructrices mises en œuvre, mais, contrairement à sa réputation d'écologiste, il était d'abord et avant tout un compagnon militant syndicaliste porte-parole des récolteurs de caoutchouc, dont le mode de vie a été décimé avec la déforestation de l'Amazonie. Mendes avait sa propre expérience des conséquences de cette dernière.

Né en 1944 , Francisco Alves Mendes Filho - de son nom de baptême - était le fils d'un soldat dans la Rubber Army («Armée de caoutchouc "), 50 000 hommes recrutés en 1943 au nord-est du Brésil et expédiés en Amazonie pour l'exploitation du caoutchouc comme effort de guerre. La Malaisie occupée par les Japonais, les États-Unis étaient désespérément en manque de caoutchouc. Le Brésil promit alors de relancer son industrie du caoutchouc, pour répondre au besoin existant. Les saigneurs ou seringueiros (personnes qui récoltent le latex en saignant les arbres) ont été abandonnés à leur propre sort, beaucoup mourraient de maladies ou d'attaques dues aux animaux sauvages. Lorsque la guerre prit fin, les promesses du gouvernement de rémunération furent oubliées et beaucoup, y compris le père de Mendes, ne revinrent jamais.

Grandissant dans la forêt, Mendes, dès l'enfance, a oeuvré comme seringueiro. Influencé par des prêtres du mouvement progressiste théologique de la libération et d'anciens membres du parti communiste, il a aidé à fonder la branche de l'Etat de l'Acre du PT, le parti des travailleurs. En tant que président des seringueiros Xapuri de l' union, mis en place une organisation nationale, élevant le combat des recolteurs de caoutchouc pour sauver la foret à une attention mondiale.

Les environnementalistes américains l'emmenèrent à Washington pour convaincre la Banque mondiale, la Banque inter-américaine et le Congrès que les projets d'élevage du bétail en Amazonie, qui couvre une superficie plus grande que l'Europe occidentale, pourraient ne pas être subventionnés. Comme alternative, il proposa la création de réserves extractives - aires protégées (terres publiques) qui pourraient être gérées par les communautés locales, avec des droits de récolte sur les produits forestiers. Un pas important pour la communauté.

En 1987, Mendes remporta le prix "Global 500" des Nations Unies en reconnaissance de ses actions pour la sauvegarde de l'environnement, bien qu'il se voyait avant tout comme un simple militant pour une société plus juste. Comme il le dit : « Au début, je pensais que je me battais pour sauver les hévéas, après j'ai pensé que je me battais pour sauver la forêt amazonienne. Maintenant, je réalise que je me bats pour l'humanité. »

Ses principaux adversaires étaient des éleveurs de bétail, qui progressaient en Amazonie depuis les années 1970, époque à laquelle ils furent encouragés par l'armée, qui a longtemps gouverné le Brésil, et financés par les banques officielles. Après la dictature, qui a pris fin en 1985, ces propriétaires fonciers mirent en place l'Union démocratique rurale - mieux connue sous son sigle portugais UDR - pour contrecarrer les réformes agraires promises par le gouvernement et ainsi intimider les syndicalistes et les militants pour lé préservation. Les passages à tabac et les meurtres étaient monnaie courante dans la région amazonienne, en grande partie sans foi ni loi, souvent décrite comme le Far West brésilien.

Mendes ne fut ni le premier ni le dernier à perdre sa vie pour défendre l'environnement. Depuis 2002, le Brésil comptabilise pour moitié les meurtres de militants activistes pour la préservation de l'environnement à travers le monde (selon un sondage de l'an dernier par Global Witness). Certaines victimes, comme la nonne américaine Dorothy Stang, qui a été assassinée en 2005, sont devenues des martyrs. D'autres, comme José Cláudio Ribeiro da Silva et sa femme Maria do Espirito Santo - qui ont été abattus en sortant d'une voiture près d'un camp de travailleurs en 2011 - ou Mouth Organ John - qui a été tué dans l'Etat du Para en 2012 après avoir présenté un rapport sur l'exploitation forestière illégale, ont fait les gros titres durant quelques jours. Beaucoup d'autres assassinats, notamment de militants autochtones, sont étouffés par les médias internationaux. Des dizaines d'autres militants sont censés avoir fui ou être entrés dans la clandestinité.

Mendes était une cible évidente. Ayant réussi à mettre fin aux financement internationaux des lobbys, il a organisé les récolteurs de caoutchouc dans une résistance non-violente. Hommes, femmes et enfants ont formés des barricades humaines pour empêcher les bulldozers de démolir des arbres. Son succès lui a valu beaucoup d'ennemis et il savait qu'il était devenu une cible humaine.

Son assassin était issu d'une famille d'éleveurs de bétail, dont les efforts pour étendre leurs pâturages ont été contenu par les Empates (stratégies d'action pacifiques des seringueiros pour enrayer la déforestation). Darcy Alves, 22 ans, et son père Darly ont été condamnés en 1990 et emprisonnés pendant 19 ans. Bien qu'ils soient maintenant libres, les anciens associés de Mendes ont déclaré que l'assassinat s'est finalement retournée contre eux. « Ceux qui ont tué Chico se sont trompés. Ils pensaient en le tuant, que le mouvement des seringueiros serait démobilisé, mais ils en ont fait un immortel. Ses idées ont encore une influence énorme », a déclaré Gomercindo Rodriguez, qui est venu à Xapuri comme jeune agronome en 1986, et est devenu plus tard conseiller de confiance de Mendes.

Mendes voulait que la forêt soit utilisée de façon durable plutôt que de la couper de l'activité économique (commei le souhaitaient certains écologistes) ou la réduire (comme le demandaient les agriculteurs). Il proposa alors la mise en place de réserves d'extraction pour les séringueiros et cueilleurs de noix du Brésil et tous ceux qui pouvaient préserver la nature en vivant de ses récoltes d'une manière équilibrée. Après sa mort, fut créée la première de nombreuses réserves extractives au Brésil. On lui donna le nom de Chico Mendes.

Après des années de déclin, la demande de latex d'une usine de préservatifs locale a stimulé le prix du caoutchouc, et de nombreux récolteurs, qui s'étaient tournés vers l'élevage de bovins, sont retournés à la forêt. « C'est l'héritage de Chico », a déclaré Gomercindo. « Les réserves d'extraction ont entraîné la préservation de la forêt - tout ce qu'il y a autour a été détruit pour le pâturage du bétail. Ces réserves sont devenues un exemple. Elles existent maintenant dans d'autres régions du Brésil. »

La réserve Chico Mendes a de l'électricité et des écoles. Beaucoup d'étudiants ont obtenu un diplôme universitaire. Certains récolteurs ont maintenant des motos et des voitures et certains sont devenus des guides forestiers. La forêt est exploitée de façon durable, et est devenu un éco-lodge. S'appuyant sur ce modèle, 68 réserves d'extraction ont été mises en place en Amazonie brésilienne, couvrant plus de 136 000 km ².

L'Institut Brésilien de l'Espace (INPE) a également commencé la surveillance par satellite de la déforestation l'année où Mendes a été assassiné. C'était une coïncidence, mais l'efficacité de ce programme a été fortement influencé par ceux qui ont été inspirés par Mendes. Après que le déboisement ait atteint un sommet en 2004, la ministre de l'Environnement Marina da Silva, une autre enfant issue d'une famille de récolteurs de latex et ancienne collègue de Mendes, a mis en place un système plus rigoureux de contrôle, des sanctions et des mesures incitatives qui ont entraîné un ralentissement de 80% du taux de déforestation.

Mais ce progrès est en danger alors qu'au Brésil le pouvoir s'est éloigné des travailleurs ruraux, des adeptes de la préservation et des peuples indigènes, pour lesquels Mendes à tant lutté, basculant en faveur des grands propriétaires terriens.

L'année dernière, la présidente Dilma Rousseff - qui dépend du soutien du lobby des ruralistes (nb: groupe parlementaire influent composé en majorité de propriétaires terriens) au Congrès - a signé une loi réformant le code forestie de façon à diluer la protection de l'environnement en Amazonie et dans les autres aires de biodiversité. Le bloc des propriétaires terriens à l'Assemblée législative, qui comprend d'anciens membres de l'UDR, est en train de pousser pour la révision d'autres lois et politiques environnementales, y compris les droits des peuples autochtones garantis par la Constitution de 1988 et le Système national brésilien des aires protégées.

La tendance actuelle est inquiétante, les données satellitaires ont montré une augmentation de 28% de la déforestation cette année, brisant une tendance à la baisse qui aura duré cinq ans.

Avant l'anniversaire de ce week-end, les propriétaires terriens ont mis leur veto au Congrès concernant la possibilité de donner le nom de Mendes à la salle où le comité de l'agriculture du Parlement se réunit. Mais les groupes de conservation ont fait le serment de poursuivre son combat.

« Son héritage est un exemple qui devrait guider chacun d'entre nous pour maintenir la nature dans nos esprits comme une solution et un moyen de construire un monde meilleur pour tous », a déclaré Claudio Maretti, chef de l'Initiative Amazonie du WWF - une des nombreuses organisations internationales qui montre son respect pour le Patron Brésilien de l'Environnement (Chico Mendes) à cette date anniversaire.

____________________

Remerciements : Ninon Sartori, Sofy Matho, Mathilde Lacoste

 


QUE SONT LES ENFANTS DE CHICO MENDES DEVENUS ?

 

Assassiné le 22 décembre 1988, il y a 25 ans, le syndicaliste brésilien était devenu un héros de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne. Ces enfants honorent aujourd'hui la mémoire de ce grand homme, oublié par les médias internationaux.

Voici les témoignages de ses deux filles.


ELENIRA MENDES, FONDATRICE DE L'INSTITUT CHICO MENDES

« Le souvenir que je garde de mon père est un peu vague, un peu lointain. Mais je me souviens bien du 22e jour de décembre 1988. Je me souviens très bien de ce jour-là. Je pense que c'était un peu comme un adieu quand il nous a emmené, moi et Sandino [son frère], faire une ballade dans le nouveau camion du syndicat. Je me souviens de cette soirée-là, vers 18 heures, nous étions dans la chambre et ma mère nous nourrissait, Sandino et moi, dans le même plat.

Je me souviens que mon père est allé prendre une douche et qu'il y a eu soudain une grand confusion, avec les policiers courant dans la direction opposée à la nôtre ; nous avons couru à la cuisine et tout à coup il est venu et est tombé là, juste à la porte de notre chambre. Il a essayé de prononcer mon nom, mais il n'y est pas parvenu. Je me souviens de lui, là, sur le sol, ensanglanté, essayant de dire mon nom. C'est une question qui sera toujours vivante à l'intérieur de moi - qu'a-t-il voulu me dire à ce moment ? J'ai grandi avec cette scène dans mon esprit et je pense qu'elle ne sera jamais effacée.

J'ai également grandi avec une très grande révolte contre le mouvement social, parce que dans mon esprit - alors que le seul souvenir de mon père restait cette image de lui, sur le sol, en train de mourir - c'était le mouvement qui avait causé la perte de mon père. Le sentiment que j'ai eu, c'est que j'avais perdu mon père à cause de cette lutte des peuples de la forêt, et ceci m'a beaucoup torturé. Je n'étais pas en mesure de comprendre comment cette lutte était importante et belle .

Ce sentiment a duré jusqu'au jour de mon 19e anniversaire. Ce jour-là, ma tante m'a montré des photos de moi avec des dédicaces de mon père. Sur le dos de l'une d'elles était écrit : « Tu es l'avant-garde de l'espoir. Elenira, un jour tu donneras une continuité à la lutte que ton père ne peut pas gagner ». C'était comme si la balle qui a touché sa poitrine, qui a causé la perte physique de sa vie, entrait profondément dans ma poitrine. C'était comme s'il me disait que le temps de me réveiller était venu, parce que j'avais une mission à remplir. Alors, je me suis mis à penser que peut-être il y avait là au moins une partie de la réponse à ce qu'il avait essayé et échoué à me dire au moment où il était en train de mourir. Cela m'a immensément ému.

A partir de ce moment, j'ai commencé à m'impliquer dans la cause de mon père, à demander plus d'informations sur ce qu'était la lutte de Chico Mendes, à vouloir en savoir davantage sur l'héritage qu'il avait laissé non seulement pour moi, Elenira, sa fille, mais pour toute la jeunesse à venir, comme il l'avait écrit sur cette lettre si belle pour les jeunes, pour moi, pour Sandino, pour Angela. J'avais besoin de faire quelque chose en tant que fille, en tant que jeune. J'ai commencé par prendre la responsabilité d'organiser la collecte et l'entretien de sa maison, cet espace si petit et si symbolique, capable d'attirer des gens venus du monde entier : la maison de Chico Mendes, la maison dans laquelle nous vivions, la maison qui a accueilli la si courte cohabitation que j'ai pu partager avec mon père. Je ne pouvais pas rester assis. J'avais besoin de m'impliquer.

J'ai donc décidé de créer l'Institut Chico Mendes - fondée en 2006 avec un regard plus jeune, avec l'intention de faire participer les jeunes de Xapuri au mouvement de préservation de l'environnement et à la lutte de Chico Mendes. Avec l'Institut, nous pouvons montrer l'héritage que Chico Mendes a laissé aux jeunes, parce que, à divers moments de sa carrière, mon père a toujours fait référence à la jeunesse. Je pense qu'il a vu l'espoir, le drapeau du lendemain, dans les mains de la jeunesse. Et c'est ce que nous avons fait : montré aux jeunes gens de Xapuri que c'était ici, dans notre petite ville, qu'avait surgi un grand leader. Un seringueiro (nb: "saigneur" d'hévéa) à demi-analphabète, un grand citoyen, un écologiste qui ne savait peut-être même pas qu'il en était un, mais un grand homme que tout le monde connaît et respecte quand il s'agit de parler d'environnement .

Aujourd'hui, je suis passionnée de tout cela et je suis émue de voir la dimension qu'à pris la lutte de mon père - notre état d'Acre, par exemple, a adopté l'idéal de Florestania du gouvernement de Jorge [Jorge Viana, ancien gouverneur de l'Acre, le premier à mettre en œuvre le concept de Florestania en tant que politique d''Etat]. Je sais que rien de tout cela ne fera revenir mon père, mais c'est si bon de savoir que sa lutte a donné des résultats et porté ses fruits. Ces acquis peuvent préserver la mémoire de l'histoire de mon père et de ses compagnons, car tout disparait au bout d'un certain temps, et l'importance de cette histoire fait qu'elle doit être préservée. Il faut partager cette histoire avec les jeunes de Xapuri, de l'Acre, du Brésil.

Du fond de mon cœur, le plus grand cadeau que le Brésil pourrait faire en mémoire de mon père serait de réduire la déforestation en Amazonie. Ma plus grande joie serait un jour de savoir que l'Amazonie a atteint le niveau zéro de déforestation. Je sais que c'est seulement un rêve, mais je ne m'arrêterai jamais de rêver, parce que c'est l'exemple que mon père m'a donné, par sa façon de vivre pendant les quatre courtes années de notre vie commune, et par tout ce qu'il m'a été donné d'apprendre ensuite sur les objectifs qu'il s'était fixés. Parce que c'est pour cela que mon père a vécu et qu'il est mort : pour transformer la forêt en un espace, un environnement économiquement viable et durable, sans avoir besoin de la détruire. »

________________________

ANGELA MENDES, FILLE AINÉE DE CHICO MENDES

Angela, la fille ainée de CHico Mendes est issue d'un premier mariage du célèbre militant. Elle avait 18 ans au moment de l'assassinat de son pète, commandité par un grand propriétaire terrien, et attendait son premier enfant :

« Malheureusement, de grande parties de la forêt pour laquelle mon père est mort sont aujourd'hui effacées. Enormément de bois continue à être extrait de nos forêts de façon illégale, de grandes zones sont brûlées et rien n'est mis en place pour contrôler cela. Et nous savons qui en paie le prix : ce sont les petits agriculteurs, les populations autochtones, les pauvres qui pratiquent l'extraction, parce que les grands éleveurs continuent à déforester, à voler du bois sans subir de pénalité, sans penser à l'avenir de la planète.

Mon fils a 19 ans, mais ma fille, qui a près de 25 ans, a longtemps voulu venir travailler pour la cause. Elle a appris la biologie à l'Université Fédérale du Mato Grosso et a souhaité devenir chercheur en l'environnement pour aider à préserver les idéaux de son grand-père.

La forêt est une richesse. Nous avons trop d'huile, il y a beaucoup de sève, il y a beaucoup de semences et des ressources naturelles renouvelables en abondance ici en Amazonie. Pourtant, nous n'investissons pas. Les gens préfèrent toujours couper l'arbre, faire pousser de l'herbe de l'usine et mettre le bétail au pâturage, sans penser que cet espace aurait pu être exploré, que la diversité de plantes aurait pu guérir de nombreuses maladies. Les amis de mon père me disent qu'il y a une abondance d'exemples de plantes ou de graines qui pourraient être utilisées pour créer une amélioration économique pour la collectivité. Ce serait une bonne façon de célébrer la mémoire de mon père. »

 

 

 


 

LULA DA SILVA : LE PRÉSIDENT QUI A TRAHI LE CACIQUE RAONI... ET CHICO MENDES

Regardez bien cette photo d'archive. On y voit le futur président Lula debout devant la dépouille de Chico Mendes, assassiné trois jours auparavant, le 22-12-1988. Lula comparaît ce triste jour le martyr du célèbre défenseur de la forêt amazonienne à celui du Christ !

Chico était membre du PT, le nouveau Parti des Travailleurs, dont Lula était l'un des Chefs, qui donnait tant d'espoir à la classe ouvrière et aux défenseurs de l'environnement.

Ce même Lula, devenu président, jettera en pâture le "poumon vert" et les indiens aux multinationales, en ayant pourtant fait rentrer dans son gouvernement Marina Silva en guise de poudre d'escampette.

Ce même Lula acceptera que soit inclus dans un Plan d'Accélération de Croissance (PAC) de son pays la programmation de dizaines de méga-barrages du type Belo Monte, causant mort et destruction dans d'immenses zones de forêt protégée. Il avait juré sur l'honneur au Cacique Raoni, les yeux dans les yeux, que jamais le projet Belo Monte ne serait relancé sous sa présidence...

Ce même Lula acceptera que de gigantesques zones de forêt primaire soient transformées en champs de soja transgénique, pour le grand bonheur de Monsanto.

Ce même Lula aura tout de même l'indécence de créer pendant sa présidence l'institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité, en 2007, organisme qui vise à gérer "les 300 réserves écologiques et biologiques de tout le Brésil".

Le président Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, a beaucoup cité et honoré Chico Mendes pendant ses deux mandatures. Il aura fallu tout de même attendre le 11 décembre 2008 pour que sa veuve reçoive enfin une pension de l'Etat! Indemniser la veuve abandonnée de Chico Mendes dix jours avant le vingtième anniversaire de l'assassinat de son époux, n'est-ce pas là une forme d'indécence et de mépris suprêmes ? Il ne fallait pas gâcher la célébration médiatique et politique aux allures d'opération de récupération bien huilée.

Si l'esprit de Chico Mendes est toujours parmi nous, il n'habite certainement pas l'ancien président Lula ni son héritière Dilma Rousseff. Qu'ils mettent donc fin à l'indécence répétée et le laissent reposer en paix en n'utilisant plus son nom, eux qui ont tant dévié de leurs idéaux initiaux.

Les lusophones peuvent revisionner le discours de Lula pendant les obsèques de Chico Mendes ici :
http://youtu.be/uwWfxLTZtj8
http://youtu.be/IffF1LEcR2o

Date de l'article : 22/12/2013

Retour