Belo Monte :
pétition du Cacique Raoni

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BARRAGE DE BELO MONTE: ALSTOM RÉPOND... ET NOIE LE POISSON!

BARRAGE DE BELO MONTE: ALSTOM RÉPOND... ET NOIE LE POISSON!

Panneau revendicatif déposé par Planète Amazone à l'entrée de l'Assemblée Générale d'Alstom, le 1er juillet 2014

A l'occasion de l'Assemblée Générale du groupe désormais franco-américain, qui s'est tenue mardi 1er juillet à la Défense dans la foulée de l'accord trouvé avec General Electric, nous vous avons invité à manifester par écrit votre mécontentement quant à son implication cruciale dans le chantier du troisième plus grand barrage au monde. En effet, deux ans après le début de ses travaux, Belo Monte ravage déjà l'environnement et les communautés autochtones et riveraines du cœur de l'Amazonie. Voici la réponse-type que plusieurs d'entre-vous ont obtenu de la direction de la  communication d'Alstom, suivie de notre réaction.

Cher Monsieur,

Alstom ne décide pas d’investir dans des barrages. Ce sont les clients d’Alstom qui décident de l’opportunité de construire ces ouvrages. Le rôle d’Alstom est de fournir des matériels sûrs, propres et fiables à ses clients pour les équiper.
En l’occurrence, la centrale hydroélectrique de Belo Monte, est l'un des principaux projets du programme d'accélération de la croissance (PAC) lancé par le gouvernement brésilien sous la présidence de M. Lulla. Le barrage sera installé sur la rivière Xingu dans l'État du Pará, au nord du Brésil. En effet le Brésil manque encore cruellement d’infrastructures de base et ce pays fait toujours partie des BRIC’s (pays émergents) .

L’énergie hydroélectrique reste la principale source d’énergie renouvelable au monde et elle permet à des populations - qui souvent en sont encore privées - d’accéder à l’électricité, une source majeure de développement social et économique .
Belo Monte sera la deuxième plus grande centrale hydroélectrique du Brésil avec une capacité installée de 11 233 MW, soit l'équivalent de 10% de la consommation d'énergie du Brésil. Elle sera constituée de deux salles des machines. La principale comprendra 18 turbines Francis, pouvant générer 11.000 MW. La salle des machines auxiliaire, quant à elle, comprendra 6 turbines de type Bulbe pouvant générer 233 MW. Ce projet requiert l’implication de fournisseurs expérimentés, connaissant très bien le pays et ses spécificités en termes de logistique et de construction pour installer les équipements dans les délais, selon le calendrier de livraison du projet.

L'étude environnementale du projet a été réalisée avec sérieux et le projet bénéficie des dernières avancées technologiques : ainsi, la superficie initialement prévue du réservoir qui était de 1600 km² en 1989, a été réduite à 502,8 km² en 2002, soit une diminution de 60 %, limitant ainsi l'impact sur l'environnement et sur les communautés riveraines. A titre de comparaison, la moyenne au Brésil de zone inondée est de 0,49 km² par MW installé. Belo Monte aura un taux de 0,04 km² par MW installé. Il convient de souligner que sur les 502,8 km² de la zone inondée, 228 km² (45 %) correspondent à l'ancien lit de la rivière.
Pour produire autant d’électricité que Belo Monte avec des centrales hydroélectriques de petite taille, il faudrait inonder une zone trois fois plus grande.

Il faut également rappeler qu’une part des investissements sera consacrée à des programmes sociaux et environnementaux . En particulier, 20 000 emplois directs et deux fois plus d'emplois indirects (en période de pic) seront générés.

Alstom croit dans le développement de futurs projets hydroélectriques dans la région Nord du Brésil et l’hydroélectricité devrait rester la principale source d’électricité dans le pays pour les prochaines années, conservant ainsi une part importante aux énergies renouvelables dans le futur mix énergétique.

J’espère que ces éléments vous permettront de mieux comprendre ce projet.
Meilleures salutations,

Christine Rahard
Directeur de la Communication

Légende : le gouvernement français est venu à la rescousse des intérêts économiques du pays en participant de façon très active au "sauvetage" d'Alstom, posant comme condition à l'acceptation de l'offre de General Electric le rachat de 20% du capital du groupe par l'Etat. Très prolyxes ces derniers temps, Arnaud Montebourg (ici avec Patrick Kron, pdg d'Alstom) et François Hollande sont restés étrangement muets sur les nombreuses accusations de corruption qui pèsent sur le groupe et sur sa participation à des projets décriés, dont Belo Monte n'est que l'exemple le plus connu. Cela méritait bien, en ces temps de Coupe du monde, un joli carton rouge 'S.O.S. Amazônia'.


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----- La réaction de Planète Amazone -----



Nous ne sommes pas surpris de la posture d'Alstom, nous la connaissons. Elle consiste à se dédouaner systématiquement de toute responsabilité et vanter les supposés bienfaits des projets auxquels ils s'associent, en occultant bien entendu les aspects les plus embarassants: illégalité de la licence d'exploitation, violation des droits des populations autochtones à la consultation libre et éclairée, destruction du tissu social de la Grande Boucle du Xingu, altération irréversible de la biodiversité de cette même région...

Lorsque nous lisons « l'étude environnementale du projet a été réalisée avec sérieux », nous ne pouvons que bondir. L'IBAMA, Institut Brésilien de l'Environnement, a préalablement refusé d'accorder la licence au chantier de Belo Monte car celui-ci ne remplissait pas la plupart de ses critères très stricts, qui servent justement à garantir que l'environnement ne sera pas altéré. Que s'est-il passé ? Au lieu de demander au consortium constructeur de réviser sa copie, le gouvernement de Dilma Rousseff a poussé le président de l'IBAMA vers la sortie et l'a remplacé par un autre, qui s'est empressé d'accorder la licence, en toute illégalité.

Le seul sérieux qui a été mis dans l'étude environnementale, qui soi dit en passant a été réalisée avec la bienveillance toute relative d'une autre compagnie française (GDF-Suez) par l'intermédiaire de l'une de ses filiales, c'est une méticulosité à sous-estimer volontairement les impacts du projet, afin d'indemniser le moins de personnes possible. Exemple criant, que nous avons constaté sur place : les pêcheurs traditionnels se trouvant à plus de 3 kilomètres du chantier sont considérés comme non affectés par le barrage, alors que jusqu'à 10 kilomètres, tous constataient dès 2013, soit un an après le début des travaux, une baisse du produit de leur pêche de près de 80%.

N'oublions pas les expulsions sommaires, les centaines de vies de famille brisées au bulldozer par le consortium Norte Energia. Les indemnisations non respectées, les réseaux de prostitution et la criminalité venue avec le chantier du barrage et les nombreux suicides.

Personne ne croit plus au Brésil que Belo Monte permettra à des millions de personnes démunies d'avoir enfin accès à l'électricité. Cette promesse a déjà été faite par le passé en amont de la construction du gigantesque barrage de Tucurui. Elle n'a pas été respectée, ou si peu. On sait par contre que les projets miniers fleurissent autour des grands barrages, ce qui prouve par A+B qu'ils sont bien des chevaux de Troie d'une destruction de l'environnement à bien plus grande échelle que ne laisse entendre les études d'impacts environnementau,x sur lesquels les constructeurs se basent pour répandre leur propagande. Par ailleurs, quel crédit accorder à des études réalisées par des compagnies étant partie prenantes dans l'industrie hydroélectrique ?

Comme le laisse sous-entendre leur lettre-type, pour Alstom, il n'y a rien à signaler à Belo Monte. Les nombreux procès en cours dénoncant l'illégalité du barrage seraient-ils une invention de notre esprit et les milliers de plaignants des mythomanes ? Que ces bureaucrates affairistes qui sèment la mort et la destruction aient le courage d'aller débiter leur discours négationniste bien rodé devant leurs victimes, en les regardant dans le blanc des yeux, s'ils l'osent. Il est tellement plus aisé, avec un peu d'habilité, quelques beaux sentiments affichés et beaucoup de démagogie, d'endormir les néophytes, qui ne vivent pas le désastre Belo Monte dans leur chair.

Nous avons plusieurs fois proposé à Monsieur Patrick Kron, pdg d'Alstom, une rencontre avec des représentants amazoniens (Antonia Melo du mouvement Xingu Vivo, Sônia Guajajara de l'APIB) ou avec notre association, Planète Amazone. Nos propositions de dialogue sont restées lettres mortes. Dans une réponse qu'il adressait à l'une de nos sympathisantes qui l'interpellait en 2011 sur le cas Belo Monte, M. Kron osait parler de progrès social et usait de sa propagande habituelle avec un ton moqueur : http://raoni.com/actualites-198.php . Il avait cependant battu en retraite lorsque nous lui avions publiquement donné la réplique.

En ce qui concerne la réponse à donner aux autres points abordés par la direction de la communication d'Alstom, nous préférons céder la place aux extraits d'un article d'Olivier Petitjean ("Alstom et GDF Suez, au cœur de Belo Monte et du développement hydroélectrique de l’Amazonie" - 19/11/2013), publié par l'Observatoire des multinationales (www.multinationales.org):

 

« Quelle responsabilité sociale et environnementale ?

En ce qui concerne Alstom, la réponse est simple. Que ce soit au Brésil, en Asie ou en Afrique, l’entreprise a toujours pratiqué la politique de l’autruche sur ces questions. Elle se contente de renvoyer à la responsabilité première des gouvernements et des constructeurs de barrages. C’est une approche qui n’est pas du tout en phase avec les normes acceptées au niveau international en matière de diligence sur les atteintes à l’environnement et aux droits humains. En outre, elle ne correspond pas à l’implication réelle d’Alstom dans des projets tels que Belo Monte.

Des programmes de compensation plus que contestables.

Les programmes de compensation sociale et environnementale souffrent exactement des mêmes défauts que les projets de barrage eux-mêmes : ils sont conçus de manière technocratique, « top down », sans aucune perspective de développement territorial durable, de démocratie locale, d’empowerment des gens sur place. Avec des limites de ce type, on en arrive à des aberrations comme la ville nouvelle de Nova Mutum, censément construite par GDF Suez pour abriter les déplacés de Jirau. En fait, elle abrite surtout les familles des cadres de l’entreprise pendant la durée du chantier, avec un petit quartier de déplacés. Et, dans le même temps, à quelques kilomètres de là, on laisse se développer un immense bidonville, dans une atmosphère de far west, qui abrite tous les laissés pour compte des programmes de compensation.

Conclusion.

L’implication d’entreprises françaises (y compris une dont l’État possède 36%) dans les grands barrages amazoniens n’a rien d’anodin. En plus du rôle critique qu’elles jouent, elles apportent aux promoteurs des grands barrages amazoniens une précieuse caution morale et contribuent activement à légitimer leurs entreprises.

Les Européens ont donc aussi leur responsabilité. Ils peuvent influencer le cours des événements au Brésil, soit à travers la mise en œuvre de principes plus effectifs de responsabilité des entreprises multinationales, soit en agissant sur les actionnaires de ces entreprises : États, fonds de pension et investisseurs éthiques.

Quelques mots encore.

Alstom se vante d’avoir équipé le quart de la capacité hydroélectrique mondiale et les plus grands barrages du monde – dont, au Brésil les barrages d’Itaipu et de Tucurui. Alstom est aussi impliqué dans les grands barrages, en cours de finalisation, de Jirau et Santo Antonio. Et donc dans celui de Belo Monte.

Pour Alstom, le marché de Belo Monte représente tout de même un contrat de 500 millions d’euros (sur un contrat global pour les turbines de plus d’un milliard d’euros). Comme il arrive souvent pour des mégaprojets de ce type, Alstom, Voith et Siemens se sont arrangées entre elles à l’avance et ont répondu conjointement à l’appel d’offres.»

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Au cœur de l'Amazonie brésilienne, Alstom joue avec l'avenir de la planète, pour des histoires de gros sous. Et parce qu'il faut veiller au "redressement productif" de la France, le chef de l'Etat et son gouvernement s'en félicitent. Arnaud Montebourg l'a annoncé, l'Etat détiendra bientôt (à nouveau) 20% du capital d'Alstom. Le message que ces décideurs, qui ont surtout décidé d'en finir avec tout code éthique, laissent aux enfants des années 2010 et à ceux qui viendront ensuite peut se résumer en une formule bien connue : "après nous le déluge".


--------- POUR REAGIR ---------


Si vous souhaitez réagir à la lettre-type d'Alstom, nous vous invitons à la faire par l'intermédiaire de la boîte email de leur direction de la communication :
christine.rahard@chq.alstom.com.

Date de l'article : 02/07/2014

Auteur de l'article : Gert-Peter BRUCH

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