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Double meurtre des défenseurs de la forêt amazonienne : « Un verdict scandaleux »

Des jets de pierres sur la façade du Palais de Justice de Maraba. Voilà comment a été accueilli le verdict du tribunal de la capitale administrative du sud de l’Etat du Para, au cœur de l’Amazonie brésilienne, chargé de juger les auteurs et le mandataire présumés du double meurtre de Maria et Jose Claudio do Esprito Santo. Le couple avait été assassiné le 24 mai 2011 alors qu'il militait au sein de la Commission Pastorale de la Terre (CPT), une organisation de l’Eglise catholique brésilienne qui lutte pour défendre les droits des petits paysans et des paysans sans-terre.

Le jugement est tombé jeudi 4 avril vers 18h30. Lindonjonson Silva Rocha et Alberto Lopes do Nascimento ont été reconnus coupables de ce double meurtre par le jury populaire composé de sept personnes. Le premier a écopé de 42 ans d’emprisonnement, le second de 45 ans. En revanche, Jose Rodrigues Moreira, le mandataire présumé de ce double crime, accusé de l’avoir planifié, organisé et financé, a été relaxé.

Le frère Henri Burin des Roziers, dominicain français et ancien avocat de la CPT, qui a suivi le procès, nous a confié son indignation : « Ce jugement est tout simplement scandaleux. Il constitue une nouvelle porte ouverte à l’impunité dans la région et un grave coup porté à tous ceux et toutes celles qui se battent pour la défense de la nature. ». Le dominicain estime également que la relaxe du mandataire présumé représente « une menace très grave pour la vie de Laisa Santos Sampaio », la sœur de Maria do Espirito Santo, elle-même menacée de mort dans la réserve extractiviste de Pria Alta Pinheira, près de la commune de Nova Ipixuna, où elle réside avec son compagnon et ses enfants… tout près de la propriété du mandataire présumé.

Frère Henri a noté la présence de deux jurés évangéliques au sein du jury populaire. Une appartenance religieuse partagée par l’un des défenseurs du mandataire présumé. « Après la plaidoirie de l'avocat de la défense, raconte Frère Henri, le président du tribunal a demandé à Jose Rodrigues Moreira, comme c’est l’usage, s’il avait quelque chose à déclarer. Ce dernier s’est mis alors à genoux, a levé les bras au ciel, pleuré et imploré la miséricorde de Dieu ». Un geste qui aurait peut-être joué un rôle dans le verdict. 

Du côté des avocats des accusés, les réactions ont été discrètes à l’issue du procès et n’ont pas vraiment porté sur le fond. « Ce dossier comportait de nombreuses erreurs de procédure, se sont-ils contentés de rappeler. Sans compter la manière tendancieuse dont la presse avait traité cette affaire. » Une affaire qui n’est cependant pas terminée puisque, sitôt le jugement rendu, les parties civiles et le Ministère ont exprimé leur volonté de faire appel de ce verdict.

© La Vie - Jean-Claude Gerez : article original